mercredi 9 mai 2018

Uber-Trump même combat

Deux actualités a priori sans rapport l'une avec l'autre :

Ma signature est plus grosse que la tienne, dude

D'une part, Trump a déchiré l'accord nucléaire avec l'Iran, unilatéralement, alors que cet accord implique également d'autre puissances comme l'Union européenne (à travers la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne encore européenne à cette heure), la Russie et la Chine. Pour ce faire, il s'est appuyé sur la collaboration déjà ancienne entre Israël et ses factions les plus dures, et le parti Républicain, et sur des données adroitement présentées. En l'occurrence, ce ne sont pas les données qui comptent, mais la manière de les présenter et qui les présente. Il est facile de transformer le positif en négatif, c'est une question de marketing (politique), sans même invoquer les fake news chères à Donald. Il suffit de savoir ce que l'on veut et les faits suivront, surtout quand on n'aime pas les faits comme Trump, en tous cas pas ceux qui vous donnent tort.

Ma voiture est plus grosse que ton vélo, dude

D'autre part, Uber vient de se voir pris la main dans le sac à propos des voitures autonomes. Après un accident récent où un voiture autonome Uber a tué un piéton (une piétonne qui traversait la route la nuit à pied avec son vélo à côté), la cause "aurait" été identifiée. Le véhicule et ses capteurs ne sont pas en cause, mais "seulement" le programme qui traite les informations reçues et qui a décidé qu'il ne s'agissait que d'un simple petit obstacle sans danger (ni pour la voiture ni pour l'obstacle). Un faux positif comme disent les spécialistes. C'est-à-dire un cas positif (pas de danger donc pas de manœuvre à effectuer) qui aurait dû être un négatif (Danger !!!) mais qui a été mal calculé. Les coupables sont évidemment les techniciens, ingénieurs, informaticiens et décideurs d'Uber qui ont décidé d'abaisser les seuils de détection, afin de ne pas trop perturber la vitesse du véhicule : s'il détecte plein de risques, le véhicule doit passer son temps à ralentir ou anticiper, ce qui n'est pas confortable pour le client Uber à bord du véhicule. Tant pis pour l'obstacle, en l'occurrence le piéton. La priorité d'Uber c'est le passager et tant pis pour le reste du monde (y compris les chauffeurs humains de VTC qui eux aussi peuvent avoir des accidents). En gardant les mêmes paramètres la nuit sur une route rapide et en ville à vitesse réduite, les informaticiens ont clairement choisi leur camp. Dont acte.

Deux actualités donc qui nous enseignent qu'il faut écouter les porteurs de parole aussi, en parallèle avec les informations qu'ils nous donnent.

Il y a presque toujours des informations objectives en amont (des études internationales objectives ou biaisées dans le cas de l'Iran, des données issues des capteurs dans le cas d'Uber), même quand il n'y a pas de fake news, mais les décisions sont basées sur la psychologie et les intérêts de ceux qui portent la parole : Trump souhaitait tenir ses promesses et plaire à son camp, Uber souhaitait plaire à ses clients quel qu'en soit le prix.

Séparer l'information de la voix qui la porte et qui s'en sert pour justifier une décision est un exercice dangereux. Mortel pour une personne chez Uber. Mortel pour beaucoup, beaucoup de personnes potentiellement dans le cas de l'Iran.

A nous, auditeurs de ces paroles, de garder un esprit critique.

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