dimanche 30 juin 2013

Du temps de cerveau pour ... une nouvelle septime

Edward en a plein les pédales. Il fait chaud et ça fait si longtemps qu'il avance ainsi, à la force de ses mollets. Il est au coeur du peloton, il le déteste et pourtant il n'en sortira en aucun cas.

Le peloton est comme une matrice chaude qui l'entoure, pleine d'odeurs, de frottements et de grognements des autres coureurs. L'énergie de cette matrice est fabuleuse. Il n'a toujours pas compris d'où elle vient. Il est impossible que cela soit naturel. Une simple addition des énergies des coureurs ne saurait dégager autant de puissance. Le peloton est une force qui les entraîne tous, qui l'entraîne lui aussi. Les places changent lentement dans le peloton. Il n'a pas toujours les mêmes voisins. Chacun semble suivre une trajectoire sans jamais heurter les autres. Il se demande comment ce serait s'il arrivait au bord du peloton, devant ou derrière, à tribord ou à bâbord. Mais rien que d'y penser il frissonne. Il est toujours au milieu ou pas très loin.

Le peloton avance, sur les longues routes plates de Sibérie. Il ne se souvient plus de la date du départ. C'est un flou loin dans le passé. Il est difficile de penser lorsque ses pieds tournent. C'est comme si ses neurones étaient fascinés par cette rotation et n'arrivaient pas à s'envoyer des signaux. Il a l'impression d'être une sorte de derviche tourneur sans Dieu, tournant indéfiniment sans atteindre l'illumination, la sérénité ou le simple vide qui est l'essence même de la roue. Toutes les religions ont fondu en lui depuis si longtemps. Le peloton est devenu le corps et l'âme de sa vie. Ses mollets et ses pédales ne font qu'un. Ses pieds ne sont que des racines reliant les deux, des synapses de muscles, des interfaces internes.

Edward se demande s'il n'est pas en fait en train de faire tourner une gigantesque dynamo qui alimenterait des systèmes incompréhensibles. Peut-être que lui et ses collègues coureurs ne sont que des pièces d'une gigantesque machine ? Il ne sait pas. Il ne sait qu'une chose avec certitude : Il ne doit pas sortir du peloton. Sous aucun prétexte. Sa vie est en jeu, et bien plus encore.

Il est dépositaire d'un secret terrible que nul ne doit connaître. Lorsqu'il a commencé à se cacher dans le peloton, il s'agissait juste de fuir la chasse à l'homme qui lui était réservée. Le peloton passait, il a pris un vélo sur le bord de la route et s'est fondu dedans. Le peloton l'a accueilli en son sein comme s'il en avait toujours fait partie. Il n'avait jamais été un grand sportif avant cette chasse. Mais nécessité fait loi. Il avait cru pouvoir s'échapper après quelques kilomètres, une fois sa piste perdue. Il se souvient juste du moment où ses pieds ont disparu, fusionnés avec les pédales de son vélo. Ensuite tout a été facile.

Le soir tombe, le peloton ralentit un peu et les vélos commence à luire d'une phosphorescence multicolore. Chacun y va de sa couleur, sans qu'il puisse reconnaître les coureurs. Il suppose que chaque soir les coureurs s'habillent toujours des mêmes couleurs, mais il ne peut en être certain. Lui est toujours en orange. Un orange clair comme l'intérieur d'une mandarine. Un très bel orangé dont il est très fier. Il n'en a jamais vu d'autre dans le peloton alors qu'il a déjà remarqué plusieurs coureurs bleus et verts. Il prend la gourde dans son dos et bois/mange. Ce soir, c'est du poulet à la fraise, avec un peu de menthe. Un de ses favoris avec la pizza liquide et sa sauce aux oranges. Il déguste tout son flacon, goûte son ivresse passagère et le range à sa place. Demain matin sa gourde sera pleine pour le petit déjeuner. Il le sait. Un jour, il a essayé de ne pas quitter des yeux le coureur devant lui pour voir comment sa gourde se remplissait. Il en a eu presque mal aux yeux mais n'a rien vu, rien entendu, rien ressenti. Aucune choc électrique ou magique. La gourde était de nouveau pleine.

Tout fonctionne dans le peloton comme si le temps ne s'écoulait pas de la même façon pour les coureurs, leurs fonctions vitales, le monde extérieur... Mais reste-t-il encore un monde extérieur ? Sa barbe ne pousse pas, ni ses cheveux. Il n'a pas besoin d'aller à la selle (drôle ça). Il dort certainement mais se réveille toujours en sursaut en train de pédaler. Le peloton est devenu son monde.

Ce soir, le coucher de soleil est très beau et soudain le ciel s'illumine exactement de la couleur de son maillot. C'est la première fois. Il regarde son vélo et son maillot se fondre dans ce merveilleux ciel de nuages. Il ressent des picotements et alors, il se souvient.

Il se souvient du secret qu'il ne doit pas dévoiler. Il comprend pourquoi le monde entier le pourchasse et pourquoi le peloton est le seul endroit sûr pour le protéger lui et son secret.

Edward regarde ses mains, agrippées au guidon. Maintenant on dirait qu'il a des mains d'or, et même des bras d'or. Son vélo brille aussi. Il a changé de couleur. Les arbres à côté de la route ont des feuilles de la même couleur. C'est peut-être la saison ? Pourtant il est parti un jour de printemps, croit-il. Les arbres ? Les arbres ? C'est impossible ! Depuis qu'il est dans le peloton, il n'a rien vu du paysage. Juste le ciel avec les silhouettes des autres coureurs tout autour de lui.

Il réalise qu'il est seul. Le peloton est parti. Sans lui. Edward a soudain mal aux pieds, aux cuisses, aux bras, aux fesses. Il freine. Il s'arrête. Il tombe dans l'herbe. La nuit tombe maintenant.

Il est seul, étendu dans l'herbe chaude. Il voit les deux roues de son vélo à côté de lui. Il ne comprend pas. Il ne peut pas bouger non plus. Il n'a pas pas peur pourtant. Il attend, serein. Y aura-t-il une voiture-balai ? Et qu'y aura-t-il dedans ?

Edward s'endort. La voiture-balai passe sans le voir. La nuit et ses fantômes aussi. Le secret d'Edward est bien protégé. Edward rêve qu'il va retrouver le peloton. Mais le peloton a continué et s'est refermé. Edward se sent rapetisser. Il sourit.

Le lendemain matin est beau. Lorsque le petit garçon qui se promène le long de la route trouve le vélo, il le regarde avec émerveillement. Un vélo rouge, exactement à sa taille ? C'est un rêve éveillé ! Le petit Edouard l'enfourche, enlève la petite fourmi dorée qui dormait sur la selle, la repose sur l'herbe. Il s'en va, à petite vitesse, dans la beauté d'un matin d'automne. Edouard est heureux à cause du vélo. Peut-être d'autre chose aussi. Il ne sait pas exactement quoi, mais il a le temps de savoir. Il n'y a pas de secret si important qui puisse empêcher un petit garçon de respirer à pleins poumons.

Edouard a bien le temps.

samedi 29 juin 2013

Samedi, tu prends ton pied la route...

...Comme on dit en Afrique (de l'Ouest) pour quelqu'un qui s'en va, tout simplement à pied. Belle expression. Basée comme souvent sur une vieille tradition liée à Victor Hugo :

"Vastitude mortelle ! Spectre de la déroute !
Pour eux qui avaient pris si fiers leur pied la route !"


Aujourd'hui, dernier samedi de juin, plein de gens prennent leur pied la route.

Le Tour de France démarre, avec son lot de suspicions de dopages. Il y a deux sortes de paris lors d'un tour de France : Qui va gagner quel maillot, et qui va se faire prendre à la course entre dopés et anti-dopage ? Lance Armstrong a eu le culot d'intervenir ces derniers jours pour expliquer que ce n'était pas lui qui avait inventé le dopage. Certes. Il l'a simplement industrialisé. Jalabert a dû abandonner son lucratif contrat de consultant sur la télé officielle de l'Etat et du Tour, face à des accusations de dopage, mais ce n'est évidemment pas sa faute, car il a toujours fait confiance à ses médecins... Ah ces médecins ! On ne peut vraiment pas leur faire confiance.

A Paris, Gay pride festive pour célébrer les mariés de l'an 13 et revendiquer d'autres droits évidemment. On attend une contre manif des anti-mariage pour tous. Ah zut, ils sont au Tour de France, en Corse. Il va faire assez beau à Paris aujourd'hui. Frais mais sans pluie. Incroyable non ?

Sur les routes, c'est le premier vrai week-end de départ en vacances. Bouchons et fumées de pots d'échappements, à ne pas confondre avec bouteilles de rouge et cigarettes qui augmentent au premier juillet et qui sont dangereuses.

En Afrique, Obama est en Afrique du Sud et suit son programme initial, sans s'occuper officiellement de l'état de santé de Mandela. Quand on a vu le service sécurité américain lors d'un déplacement du Président, avec militaires, bateaux, hélicos et missiles, on comprend qu'une visite dans un hôpital serait un cataclysme pour les malades. Certains médias africains, au Sénégal en particulier, se sont plaints de cette armada plus qu'invasive. En voici qui ne marchera pas beaucoup dans la rue comme si de rien n'était.

Et pour revenir à l'Afrique, car tout est dans tout, il y a aussi l'expression "poulet-bicyclette" qui ne signifie pas les poulets qu'on amène en ville dans des cages attachées n'importe comment sur un petit vélo... mais qui veut dire que les poulets ont des cuisses très maigres (et sèches) comme un cycliste. Au moins, en Afrique, car c'est trop cher, il n'y a pas d'EPO dans ces cyclistes là.


vendredi 28 juin 2013

28 (et pas seulement juin)

Conseil européen hier et aujourd'hui à Bruxelles. Déclaration finale ici.

A l'ordre du jour : "les jeunes". Emploi, mobilisation des compétences, emploi, crise de société, emploi, retraites à financer, emploi étaient les maîtres mots de cette réunion. Un plan de financement exceptionnel a été débloqué de 6 milliards auxquels s'ajoutent des reliquats d'autres programmes non dépensés, 2 milliards de plus au bas mot, car l'Europe ne sait pas dépenser tout ce qu'elle a comme budget. Les spécialistes sont mitigés évidemment, sinon pourquoi seraient-ils des spécialistes ? 6 ou 8 milliards pour 6 millions de jeunes en inactivité en Europe ça ne fait pas 1000 euros par jeune, ce serait trop simple et trop juste. C'est une goutte d'eau dans le budget de l'Europe (quasiment mille milliards) mais s'ils sont bien ciblés cela peut peser. D'ailleurs la France en récupèrera une bonne partie !

L'Union bancaire aussi, qui avance petit à petit, d'un Sommet à l'autre, avec des règles qui se précisent pour protéger les déposants et les épargnants. A noter que le budget 2014-2020 a été adopté et qu'un consensus a été trouvé avec le président du Parlement européen. Le Parlement avait rejeté la première version du budget. On verra si le vote en séance plénière suit le président du Parlement européen... A noter, pour le fun, le mini scandale de notre ami David Cameron qui a scandalisé plus d'un diplomate en négociant (on ne dit pas faire du chantage en diplomatie) âprement la non baisse du fameux remboursement d'argent par l'Europe au Royaume-Uni, pour des raisons historiques bien négociées à l'époque de son adhésion et toujours reconduites. Une des casseroles que traîne l'Europe.
Ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi, partageons-le... un grand dicton parfois appliqué à la diplomatie britannique, mais je m'égare.

Sinon, François s'en est bien tiré notamment sur les retraites. La mention de l'âge légal de la retraite a été remplacée par celle d'âge effectif. Ca ne change strictement rien pour les citoyens que nous sommes, mais cela permettra aux idéologues de dormir sur leurs deux Sonotones. Les noms d'oiseaux échangés avec le président de la Commission européenne ces derniers jours n'étaient pas complètement aléatoires. Ils ont servi à quelque chose et M. Barroso est devenu le bouc émissaire tout trouvé d'une Europe qui a bien besoin qu'on regarde ailleurs.

Tout va donc bien, on peut se rendormir jusqu'aux élections allemandes.

Ah si ! L'Europe des 27 devient au premier juillet l'Europe des 28 avec l'arrivée de la Croatie (ça tombe bien, on est le 28).
Ami lecteur, sauras-tu reconnaître où est la Croatie ? Et quel est le pays blanc au milieu de tout ce bleu ?



jeudi 27 juin 2013

Obamafrique

Obama est en Afrique. Enfin !

Il est attendu comme le loup blanc. C'est une visite hautement symbolique mais pleine de potentialités, au moment où les puissances occidentales historiques se replient de plus en plus du continent décolonisé. Obama est en retard par rapport aux autres grandes puissances, comme la Chine, car il n'a fait qu'un court séjour en Afrique, il y a longtemps et sans suite.

En commençant par Dakar, il marque une dimension droits de l'homme.

Les homosexuels africains, en miroir de la décision interne aux USA de légitimer le mariage homosexuel, avec une décision historique de la Cour suprême. C'est aussi une manière de réagir à une politique intérieure fragile, c'est de bonne guerre. Petit bémol car le président sénégalais a dit exactement le contraire à côté de lui...

L'esclavagisme aussi, avec cette visite symbolique à Gorée.
Gorée, c'est cette petite île mignonne en face de Dakar, devenue un haut lieu du tourisme pour les afro-américains venus retrouver leurs racines. Gorée, c'est un lieu que se doit de visiter tout dirigeant en Afrique. Gorée, c'est pourtant un mythe fabriqué de toutes pièces par Joseph, le génial conservateur du lieu qui savait raconter l'histoire à sa façon et captiver son auditoire. Je le sais, je l'ai écouté. La maison qu'on visite à Gorée est une fiction, mais c'est une fiction nécessaire, éducative, politique et vitale. Même si a priori aucun esclave n'est parti de cette maison pour les Amériques, il s'agit d'un de ces lieux qui représente une abomination. Cela prouve aussi qu'il n'est pas nécessaire de raconter l'Histoire exactement là où elle s'est produite. Et les milliers de gens qui visitent ce lieu s'imbibent d'une réalité. De plus, chaque fois qu'un visiteur y vient, surtout connu, il imbibe le lieu de sa majesté et de son âme.


Obama va mettre l'accent sur la démocratie et les droits de l'homme donc, à défaut de dollars et de développement. Il est empêtré dans des crises internes complexes et dans des crises externes dans d'autres zones géographiques. Sa visite, en famille, ressemble à celle de milliers de touristes afro-américains venus observer leurs origines et comparer les pays africains à son propre modèle. Il n'a pas vraiment affirmé de politique africaine, juste le "business as usual" bien loin des espérances à sa première élection.

Il tombe mal aussi. Il a prévu de visiter la cellule de Mandela vendredi; alors que celui-ci est mourant. Les gestionnaires des agendas officiels ont du boulot en ce moment pour que tout tombe bien à point nommé. Dur métier. Les plumes qui écrivent les discours d'Obama aussi ont des difficultés : comment parler de Mandela sans l'enterrer. Un héros de l'Afrique ? Bien trouvé. Dur métier également.

Ses discours seront attendus, ses actes aussi. Le premier n'a pas été terrible...


mercredi 26 juin 2013

Cent mille

100 000 morts en Syrie depuis le début de la guerre civile / révolte / rébellion, quelle que soit le nom que vous voulez donner à cette tragédie.

Ca fait longtemps que les chiffres ne veulent plus rien dire dans les médias. Mais c'est un cap qui a été franchi, le 24 juin, jour de la Saint-Jean et des feux (de joie ?).

Alors juste quelques réflexions en vrac sur les chiffres aujourd'hui.

100 000 morts au loin pèsent moins qu'un ou deux près de chez vous. Je ne parle pas de vos proches qui pèsent plus que tout évidemment. Mais un mort inconnu pas loin ou 100 000 très loin, ce sont des informations différentes. Près de chez vous, cela veut dire que vous pourriez le connaître de vue, que ça pourrait vous arriver et qu'il pourrait u avoir des conséquences directes ou indirectes pour vous. Au loin, les conséquences sont faibles, voire supposées nulles.

100 000 morts ça représente un gros coût pour la société : le coût du mort est évalué (froidement mais technocratiquement) en fonction du manque à gagner pour la société s'il avait continué à vivre, à gagner de l'argent, à payer ses impôts,etc. Il est aussi calculé en fonction des dommages et frais générés par cette mort. En France, par exemple, dans le domaine des transports que je connais un peu, le coût du mort est évalué à un million d'euros pour les transports individuels et à un million et demi pour les transports collectifs. Si, si ! (Référence PDF ici). C'est "grâce" à ce calcul que sont prises les décisions d'investissements. Par exemple l'aménagement d'un carrefour dangereux pour réduire ou supprimer le nombre de morts sera une simple équation entre le nombre de morts passés et le coût de l'aménagement. Evidemment je simplifie. Il y a aussi le coût des blessés et des considérations de politique locale. Alors 100 000 morts, ça coûte combien à la Syrie ?

100 000 morts selon les uns, moins ou plus selon les autres. En l'occurrence, il s'agit d'un comptage précis à l'unité près réalisé par une ONG syrienne. En France les estimations varient beaucoup suivant les sources, comme pour les manifs. De 1 à 8 dans le pire des cas et de 1 à 3 en général. Les méthodes de comptage sont différentes et surtout les intérêts des organisations qui comptent. Ce phénomène est présent également dans quelques organisations qui n'aiment pas spécialement la transparence et qui préfèrent la propagande. EN fouillant dans leurs rapports et leurs sites internet, on trouve plein de chiffres différents pour désigner la même donnée et personne ne leur fait de remarque car, après tout, tout le monde s'en fout, sauf ceux qui raisonnent en euros : le fisc, l'URSSAF ou les responsables comptables qui doivent certifier des comptes. Mais tout ça est sans compter l'arbitrage "politique". Dans le cas Tapie-Lagarde ou Balladur-Karachi ou Hollande-Cahuzac (il serait temps que M. Cahuzac fasse son travail de deuil, d'ailleurs).

100 000 morts, ça fait un tas de morts. C'est certain. Un mort, ce n'est pas un tas de morts. Deux non plus (a couple, comme disent les américains). Trois non plus. A quel moment peut-on commencer à parler d'un tas (de morts ou de haricots, avec tous mes sentiments respectueux pour tous les morts et leurs proches) ? Depuis l'antiquité cette question a agité les philosophes et a généré plusieurs paradoxes sorites. Je suis assez Hégélien sur le sujet. Un tas c'est une combinaison de quantité et de qualité. L'une transforme l'autre et réciproquement au fur et à mesure où l'on ajoute des unités au tas. Tout ça dépend du contexte et de la "paresse" de l'individu à compter ou évaluer. Ca dépend aussi de son nombre de doigts, mais dans une moindre...mesure.

Et puis, il y a des individus qui sont des tas à eux tout seuls, car ils ont changé le monde. Mandela par exemple. Tous les médias du monde ont déjà préparé sa nécrologie et des numéros spéciaux. Pas ici. Juste une pensée pour qu'il vive et parte sereinement, avec ses proches, en le remerciant pour ce qu'il a fait pour l'Humanité.

mardi 25 juin 2013

Exceptions européennes

Les noms d'oiseaux filent en ce moment entre Paris et Bruxelles (la partie européenne et hors-sol de Bruxelles) autour du conservatisme français, de l'exception culturelle et des similitudes entre extrêmes en France. Pendant ce temps, le reste de l'Europe fait des affaires. D'ailleurs la délégation d'hommes d'affaires chinois qui fait le tour de l'Europe s'arrête aujourd'hui en France pour une courte étape contre la montre.

On se rapproche d'élections européennes et la Commission cherche à montrer un bilan positif (nous sommes utiles et pas inféodés aux pays) et proactif (nous sommes la voix des pays et pas seulement des technocrates utiles)... Joyeux paradoxe qu'en France personne ne résout de manière satisfaisante. A gauche par exemple et sur l'Europe, c'est la cacophonie dans ce qu'elle a de moins créative (pas comme celle-ci qui est une merveille, à découvrir d'urgence pour les jeunes curieux). Le débat sur l'exception culturelle est une bonne excuse pour ça. Il donne le ton à deux jours du Sommet européen de jeudi et vendredi et permet de relativiser les autres questions, comme l'agriculture par exemple, dont il faudra bien reparler, et bientôt. Ou l'économie.

En Allemagne aussi c'est l'exception. Plus on se rapproche des élections de l'automne et plus Angela dévoile sa stratégie : tout pour la croissance et l'austérité attendra. Faites ce que je dis à l'extérieur de mon pays, mais ne faites pas ce que je fais dans le mien, voici la nouvelle devise de la forte femme forte de l'Europe. Même en Allemagne cette position fait hausser quelques sourcils libéraux. En bref, cela veut donc dire qu'en 2014 l'Allemagne sera en pleine relance alors que la France sera en pleine austérité. C'est ce que les économistes appellent la dissonance des cycles : l'un décolle quand l'autre ralentit et les rythmes de chacun ont du mal à se synchroniser, car certains pays sont toujours à la traîne des autres. Lorsque Angela prône la croissance et la justice sociale dans son pays, ce qui est exactement le programme du "PS" allemand, ne joue-t-elle pas avec un cynisme assuré, et très fort politiquement, le rôle que François voudrait jouer en France ? Malheureusement une crise ça met longtemps à se résoudre, car par exemple on utilise les impôts de l'année précédente pour gérer le budget de l'année suivante et lorsque cela allait mal avant, les recettes liées aux impôts baissent logiquement et l'inertie s'étale sur plusieurs années. Il est de temps en temps nécessaire de resynchroniser, brutalement. Un paquebot ça vire lentement, et le Titanic en sait quelque chose. L'inertie est un mot polysémique. Encore faut-il anticiper et tourner le gouvernail à l'avance. C'est pour ça que dans tous les ports, il y a des pilotes qui savent gouverner et négocier les virages. Mais foin de métaphores marines.

Ces dissonances dans les rythmes introduisent en effet des phénomènes de battement, comme pour les cordes d'une guitare pas vraiment bien accordée.

La muse Harmonie n'est pas la nymphe Europe, ni le héros Europe. Les mythes fondateurs de la Grèce antique ont permis de passer d'un monde où la femme était la déesse à un monde patriarcal dominé par des mâles, et où nous vivons encore aujourd'hui. En France en tous cas.

Même Ulysse à réussi à se perdre en Méditerranée. L'Europe continent va-t-elle se retrouver cette semaine ? Ca parait mal parti !


lundi 24 juin 2013

Des nouvelles du Far Internet

Il n'y a pas beaucoup d'endroits attirants pour les aventureux ou les jeunes aujourd'hui.

Evidemment, tous les jeunes ne sont pas aventureux et beaucoup se satisfont d'une normalité grise comme le ciel, noire comme la nuit où rosée comme au coucher du soleil, les yeux dans les yeux au bord de la mer. La normalité ne fait pas rêver, la finance non plus et la marchandisation effrénée encore moins. Le marketing, dont un des seuls intérêts est de savoir capter des tendances, à défaut de les provoquer, surfe en ce moment sur le combat contre la norme. Il ne s'agit pas uniquement de publicitaires de droite, version Sarkoziste, qui combattent contre le modèle normal de François. Il ne s'agit pas de refaire le coup de la sublime mais vieille campagne de pub d'Apple sur le "Think Different". Il ne s'agit pas de canaliser les protestataires qui pencheraient vers la manifestation à outrance vers des modes légitimes de consommation.

Et pourtant, on entend peu de protestations de jeunes dans le monde réel. Chacun a tendance à mener son petit combat. Jusqu'à ce que le vase déborde, comme dans certains pays, de plus en plus nombreux. En France ? Non, pas du tout.

Il est vrai que les territoires physiques où agir, manifester une passion, donner du sens à la vie sont très éclatés. Il n'y a pas de lieu à conquérir qui apparaisse "en bloc". Il y a évidemment des territoires indomptés et riches de potentiels, mais il y a aussi de plus en plus d'humains, et surtout de jeunes humains, qui ont les mêmes envies. Comment aller en Afrique sans se frotter à des pouvoirs locaux et à des rythmes imposés, face à des compagnies puissantes qui verrouillent les sociétés à tout niveau ? Comment aller ici ou là en donnant des leçons au monde comme à l'époque de la colonisation ou du Far WEst, en construisant ses propres règles ?

Le développement d'associations locales et de militantismes partiels est une vraie tendance lourde. Mais le tissu associatif est lâche, et peu courageux comme corps constitué.

Mars ou l'Espace ? C'est encore trop tôt et cela pour la génération suivante au mieux. Les océans aussi, c'est prématuré.

Alors il reste le virtuel, donc l'Internet. Le vrai Far West de notre époque. Ce qui est la vraie révolution de la jeune génération qui n'a pas encore compris que la suivante l'avait déjà doublée.

L'Internet est le terrain des aventuriers, le lieu de tous les détournements, bons ou mauvais, utiles ou non, créatifs ou consuméristes.

L'affaire Edward Snowden est en pleine actualité. Ce jeune américain, basé à Hawaii, s'était enfui à Hong Kong après avoir lâché son pavé dans la mare. A cette heure il est exfiltré à Moscou peut-être en attendant de rejoindre éventuellement (ou eventually ?) Quito, capitale de l'Equateur qui joue la carte des droits de l'Homme avant tout. On se rappellera que Julian Assange est coincé à Londres à l'ambassade de l'Equateur à cause de l'affaire WikiLeaks. Les transports physiques à notre époque sont très contrôlés. Prendre l'avion c'est passer à travers tout un tas de filtres qui rabaissent sensiblement notre dignité et notre liberté. Dans le cas de ces aventuriers du Far Internet, le mouvement physique est complexe. On verra bien où Snowden atterrira...


Lu sur le Monde aujourd'hui, dans la bouche d'un célèbre artiste dissident chinois, Ai Weiwei : "Pour moi, Snowden est réellement innocent. Il a réagi à l'instinct, de manière émotionnelle. Et quand j'entends à son sujet Dick Cheney [pour qui Snowden est un traître et possiblement un 'espion chinois'], je n'ai pas de doute sur qui des deux est un monstre. Et là, on comprends pourquoi lui est un héros."

Sur l'Internet, la circulation n'est pas que virtuelle. L'Internet est aussi un réseau physique et beaucoup des noeuds vitaux de ce réseau sont aux Etats-Unis et pour les autres, sous le contrôle direct, officiel ou non, des Etats. Je suis à Paris et si vous consultez ce billet ou postez un commentaire de Paris, rien ne dit que les paquets qui seront échangés entre vous, moi et les serveurs derrière ne passeront pas par les Etats-Unis, par exemple.

Alors, ce matin, j'ai envie de dire aux jeunes qui utilisent l'Internet comme ils respirent que l'Internet est un lieu à investir, à transformer, à utiliser, à détourner. C'est un moyen au service de combats en jachère. C'est un lieu, certes virtuel, qui attend ses divas et ses sopranos, ses Jean Sol Partre et ses combattants de l'ombre, ses Lucky Luke et ses juges de paix, ses pionniers et ses petites maisons dans la prairie.

Attention simplement à ne pas tuer d'indiens, et à ne pas devenir les indiens morts de colonisateurs marchands et déjà immensément riches. Merci aussi de respecter certains pionniers courageux qui dépassent la simple geek-attitude pour devenir des militants, ni tous roses, ni tous noirs... mais certainement pas d'un gris normal.

dimanche 23 juin 2013

Du temps de cerveau pour ... Une nouvelle sixte

Lessivé.

Armand est épuisé, essoré comme le bandeau d'un Hercule de foire après qu'il ait épilé la femme à barbe. Sa journée a été rude. Il s'y était préparé pourtant. Il savait que cela serait fatigant. Mais il était loin de s'imaginer que tant de choses s'y passeraient. Rien ne s'est déroulé comme prévu, pense-t-il en se beurrant une tartine de Nutella pour son dîner suisse, car après tout, on est dimanche.

Armand rembobine le film de la journée et cherche le moment où il a perdu le contrôle. Il a le choix entre plusieurs angles de prise de vue à tout moment. Il est en effet équipé du système MobiCams 75 qui assure 7 ans consécutifs d'enregistrement. Il peut choisir entre ce qu'il voit avec ses yeux, ce qui est tout autour de lui et qu'il pourrait voir, ce qui est autour de lui et qu'il ne peut pas voir, ce que les autres voient de lui de face et de dos.

Il fixe le compteur sur 6h moins cinq du matin. Il aime bien se regarder dormir. C'est reposant. Il dort toujours profondement juste avant la sirène de 6 heures. Armand se trouve très beau. Puis les MobiCams se recalent automatiquement au premier vrai événement de la journée. Il est déjà 8h50. Il a passé presque trois heures en mode quasi automatique : réveil, gym, douche, habillage, maquillage, petit déjeuner n°5, méditation, transport en aéroglisseur, réunion de préparation au 33° étage, prise de position devant son clavier et exécution des premières instructions de la journée.

À 8h51, dans son dos à droite une lampe rouge s'allume. Armand ne la voit pas. A ce moment précis il s'est penché à gauche pour regarder son écran de contrôle cadré sur mademoiselle Belle, ou plutôt sur ses yeux. Il le fait toutes les cinq minutes à peu près. Depuis toujours et pour toujours. Elle est si merveilleuse et il est tellement amoureux. Il se décidera un jour à lui parler. Mais pour le moment il reste là, soupirant devant le moniteur. La lampe rouge s'éteint. Armand ne l'a pas vu. Il continue à taper sur son clavier la musique prévue : il s'agit de l'enterrement au 22° étage, un enterrement pas cher avec une musique dissonante et des sonorités tranchantes. Il en a pour deux minutes encore, avant de passer au mariage du 11°, un mariage de luxe avec grands jeux et effets spéciaux.

La lampe rouge lui signalait un décalage de deux minutes car les traites du défunt n'ont pas été honorées. Il réalise maintenant que ce décalage de deux minutes va l'accompagner tout le reste de la journée. Personne ne viendra le voir pour lui signaler. Personne ne semble même s'en rendre compte. Il assiste impuissant à l'empilement des catastrophes, alors que sur le moment, il n'a rien vu de spécial.

Donc, à la fin de la cérémonie de mariage du 11°, lorsque la mariée stressée par la musique acidulée assassine son mari et qu'on procède tout de suite à l'enterrement d'icelui, la musique joyeuse de mariage retentit. Le père du défunt marié sort un pistolet et tue la mariée déjà veuve et en prison. La tâche rouge sur la robe blanche fait tâche. L'enterrement de la mariée se déroule sur une page de publicité, ce qui ne résout pas le problème puisqu'il s'agit d'une réclame pour des produits de beauté. Le baptême qui suit se passe bien étrangement car il n'y a pas de musique du tout, c'est l'heure de la pause de 30 secondes d'Armand qu'il passe à regarder Belle. Il est un peu secoué de constater que Belle n'est pas sur son écran habituel mais sur celui derrière lui et qu'elle le regarde avec un air affolé. Armand se tourne mais elle a déjà disparu.

Le temps de reprendre son programme pour le deuxième baptême au 7° étage, il s'occupe en fait de la messe express de 9 heures, sans arrêt jusqu'au Kyrie. Ca secoue le prêtre tout frais émoulu du séminaire qui balance l'encensoir dans le deuxième enfant de choeur à droite, celui qui tient la télécommande de l'Orgue. Armand voit alors une lumière verte s'allumer devant lui. Il sait qu'il doit accélérer. Il joue plus vite et traverse la bagarre générale devant l'autel, le renvoi du prêtre, la démission du pape et l'écroulement de l'église officielle et extrêmement ointe grâce à une série d'arpèges qui le laisse un peu essoufflé. La lumière verte s'éteint et il retrouve son rythme normal. C'est enfin l'heure de regarder Belle, mais elle a disparu de tous les écrans.

Il se retourne et ne voit rien. En fait Belle regarde son dos et change d'écran aussi vite qu'il se tourne. Il revient à son clavier et plaque un accord mineur avec le son au maximum. L'orgue s'écroule. Il se retrouve assis par terre. Plus aucune trace de Belle. La musique s'est arrêtée évidemment. Il sent bien que quelque chose n'a pas marché. Plus aucune lampe ne fonctionne. A tâtons, il se dirige vers l'écran de Belle, comme il aime l'appeler, l'ouvre, enjambe le bord du moniteur et saute.

La tour est haute. La nuit est déjà tombée quand il arrive en bas. La nuit est douce et en tombant dessus, il s'enfonce dedans comme dans du coton rose. Sa chute a été entièrement amortie. Il flotte dans la nuit. Il se retrouve chez lui, assis devant son pot de Nutella. Belle est en face de lui. En vrai et en chair. Armand lui fait un sourire. Il est revenu dans le présent.

Elle est vraiment Belle. Dommage qu'il n'y ait plus de demain après cette journée piteuse et qu'aujourd'hui soit déjà fini. Il ouvre la bouche pour lui parler. Enfin ! Le son va sortir de sa bouche quand il voit à travers les yeux de Belle la lumière rouge s'allumer derrière lui. Ce qui sort de sa bouche est un autre son que sa voix. Au lieu de lui clamer son amour, il voit sortir au ralenti, de ses lèvres, les notes d'une musique syncopée, juste avant de s'évanouir...

Et de se réveiller à 6h le lendemain au son de la sirène, seul, comme toujours.

Aujourd'hui, il fera mieux !



samedi 22 juin 2013

Nouveaux investissements pour le Qatar

François est au Qatar, dans son double rôle de VRP de l'industrie et de la culture française (il parait que ce sont deux choses différentes) et d'ambassadeur du peuple syrien.

Au plan de la Syrie, et puisqu'il va en Jordanie après, il s'agit de justifier les livraisons d'armes aux "rebelles", telles qu'autorisées par l'ONU et qui deviennent urgentes de leur point de vue, sinon la victoire du Président actuel semble de plus en plus proche. L'installation d'une ambassade des Talibans à Doha n'est qu'un détail. Le groupe des amis de la Syrie se réunit aussi à Doha, à ne pas confondre avec le groupe des amis de Nicolas Sarkozy qui n'a plus besoin de se réunir maintenant qu'il est évident que Sarkozy veut revenir et donc contrôler lui-même sa communication et son agenda.

Au plan des affaires, en plein salon du Bourget où les ventes s'enchaînent à tous les niveaux, il s'agit de renforcer les investissements qataris en France. Le problème est que les Qataris ont beaucoup de sous mais sont des capitalistes milliardaires normaux qui n'ont qu'une envie, c'est de le rester, donc d'investir dans des sociétés et des lieux rentables, à moyen et long terme. Pas besoin de prendre le contrôle d'une organisation. Juste en tirer des revenus d'actionnaires. sauf pour les danseuses comme le PSG, qui reflètent une vraie passion pour le sport.



Alors quelques idées pour que les Qataris fassent leur shopping :

- Acheter le Printemps, pour qu'il devienne un Printemps arabe (Ah zut c'est déjà fait)
- Acheter la FNAC avant qu'elle ne s'écroule, ainsi que tous ses magasins, bien placés, mieux que les Virgin, paix à leur âme
- Acheter l'équipe de France de Rugby (qui ne vaut plus rien en ce moment) et les habiller en rose fuchsia
- Acheter un petit territoire en France, comme jadis les Papes avec Avignon et en faire un émirat indépendant, paradis fiscal halal. C'est mieux que d'acheter quelques banlieues !
- Installer quelques universités de prestige international en France (au moins une à Paris et une dans le midi). Elles n'ont plus de sous et ne sont donc pas chères en ce moment. Gros prestige assuré et bon ROI (retour sur investissement). On ne dit pas roi d'ailleurs mais émir.
- Acheter toutes les entreprises de tissus du marché Saint-Pierre à côté du Sacré-Coeur. Les transformer en boutiques de mode pour Qataries et rebaptiser le marché en autre chose de plus religieusement correct. On peut leur donner le Sacré-Coeur en prime, lui qui a été bâti pour faire honte aux communards.
- Investir dans des lignes de TGV à grande vitesse, puisque l'Etat français va retarder ces investissements trop chers pour le moment. Les nouvelles lignes et les nouveaux trains seront vite très rentables sans se fatiguer puisque, dès qu'il y aura un signe de déficit, c'est l'Etat français qui payera, et dès qu'il y aura des bénéfices, ce sera pour les investisseurs. Imparable. A noter, qu'il n'est pas souhaitable d'investir dans un aéroport près de Nantes, car c'est un projet qui sera abandonné dès que Ayrault ne sera plus premier ministre.

Et dire, que pour ces bonnes idées, je ne demande rien, ou presque rien : juste 0,001% des investissements ;) Même pas l'épaisseur du trait ni celle de la ligne déontologique qu'on appelle dans les milieux internationaux, les "faux frais".

vendredi 21 juin 2013

Vendredi au Bourget

Petite visite au Salon du Bourget ce vendredi. De moi. De François aussi. Quelques photos et commentaires. Un blog imagé donc. Je vous recommande ce salon en tous cas.

Le petit avion militaire dans lequel François est arrivé







Cherchez François... Il est sous la forêt de micros, derrière le bonhomme au bâton rose et... oui on le voit sur la dernière, si, si (à droite)



Petites Arianes


Comment attirer les enfants vers l'Armée de l'Air...


Sympa


Très très beau



Militaire


Science-fiction


Coloré


Vertical


Tout nouveau A350


A380, tellement gros que les autres ont l'air de maquettes à côté



Patrouille de France évidemment



Et il n'y a pas que François à visiter ce Salon ;)
Et désolé, je n'ai pas eu le temps de voir les Femen...

jeudi 20 juin 2013

Conférenciers sociaux

C'est le lancement du nouvel exercice de concertation à la François. Le rendez-vous tant attendu sur le social, de l'emploi aux retraites, du chômage à l'apprentissage, à moins que cela ne soit l'inverse. Deux jours pour discourir et discuter, sur la base du fameux rapport Moreau qui a fait hurler plusieurs syndicats.

Regardez bien leurs têtes, ils ont l'air concentrés.



Le discours de François était donc attendu, même si les résultats de cette conférence mettront plusieurs mois à aboutir à des projets de loi ou à des réformes réglementaires. Le sujet chaud, ce sont les retraites et leur mode de financement. Le Medef et la CFDT se déclarent plutôt contents des déclarations de François qui semblerait privilégier l'allongement de la durée des cotisations. Les syndicats plus à gauche sont contre. Mais tous reconnaissent que ce sujet doit être sur la table.

François a aussi beaucoup parlé d'emploi, avec l'objectif martelé d'inverser la courbe du chômage. D'ailleurs, depuis quelques jours,  le site internet de Pôle Emploi est en rade et il y est impossible de consulter les offres d'emploi. Panne encore inexpliquée et sueurs des informaticiens qui risquent de se faire virer s'ils ne réparent pas vite et de tester le logiciel de l'autre côté. Etrangement, les offres d'emploi sont consultables quand même, mais seulement si vous avez un smartphone. C'est bien connu, tous les chômeurs ont des iPhone. Allons, allons, c'est juste un hasard de l'histoire...

Du côté des patrons, il y avait de l'eau dans le gaz, mais ils ont réussi à se mettre d'accord sur un texte à minima parait-il. Il y a trois syndicats. Leur texte est court. Il dit : "Les patrons ont raison. Les patrons ont toujours raison. Même quand ils ont tort, les patrons ont toujours raison." Ce texte n'a pas été signé par le Front de gauche. Ni par les salariés de Virgin qui ont signé aujourd'hui un protocole de fin de conflit, faute de combattants puisque leur société est kaputt. Ils devraient aller travailler à la Fnac, qui a été introduite en Bourse ce jour et qui y a fait un beau plongeon. Signe d'un destin futur ou simple conjoncture mondiale à la baisse dans toutes les Bourses ?




C'est un billet très terre à terre, je sais, mais pour prendre un peu de recul (Et, comme le disait Racine dans Polyeucte, acte I, scène 1 "Le désir s'accroît quand l'effet se recule") je vous propose de visionner le panorama à 360° de Mars que la NASA vient de publier. Pas de conférence sociale sur Mars, pas de social, pas d'interférences, pas même de cons...



Demain, quelques photos du Salon du Bourget...

mercredi 19 juin 2013

Nous ne sommes pas le 4 août

Ceci n'est pas un billet météorologique, quoique... Le temps est très aléatoire, un coup 29, un coup 18 (degrés), avec des orages au milieu... Comme les fameux orages après le 15 août. Il parait pourtant qu'on est le 19 juin. Que le temps soit pourri le jour de la fête de la musique, c'est normal et attendu, m'enfin, on n'y est pas encore !

Sinon, le Nouvel Obs de cette semaine publie des tribunes de députés de tous bords qui réclament l'abolition de leurs privilèges. Comme dans la nuit du 4 août 1789, sous d'autres cieux (Je vous renvoie d'ailleurs à ce billet du 4 août). Sur le fond de l'appel et ce qu'ils réclament, nous ne reviendrons pas. Tout cela tombe en plein débat sur la transparence, où certains essayent de réduire la portée de la loi et où d'autres voudraient aller plus loin. Vieux débat, mais d'actualité où chacun joue ses cartes, y compris ces dix jeunes députés et leurs commandements (adressés aux parlementaires) qu'on peut résumer à :

- Tu n'augmenteras pas ton patrimoine en secret
- Tu n'auras pas droit à une retraite spéciale
- Tu ne seras pas haut fonctionnaire
- Tu n'achèteras pas ta permanence avec l'argent public
- Tu ne succomberas pas aux lobbyistes
- Tu seras protégé sur le marché de l'emploi une fois battu
- Tu déclareras aux impôts toutes les indemnités et tous les remboursements de frais reçus
- Tu clarifieras tes amitiés avec les autres pays
- Tu ne cumuleras pas de mandats
- Tu utiliseras ta réserve à bon escient et publiquement.

Sur la forme, la dénonciation des privilèges est dans l'air du temps, alors que de plus en plus de peuples se mobilisent contre des niveaux divers de corruption et de non transparence. En France aussi, il y a de la corruption. Il y a des lois et des punitions contre ça. Au moment où de plus en plus d'efforts sont demandés à tous, ceux qui passent à travers les mailles du filet sont mal vus. Surtout lorsqu'ils sont juge et partie : le parlement s'auto-contrôle et les réformes visant à modifier ses règles sont délicates à faire passer, surtout lorsque la majorité au pouvoir est divisée à ce sujet et qu'elle perd des points à chaque élection partielle.



Alors, oui, on peut se moquer de ce type d'appel (du 20 juin).
Certains savent encore dire "Non".
D'autres disent "Indignez-vous",
en attendant de dire "Dégage !".

mardi 18 juin 2013

Combien faut-il de joueurs dans une équipe ?

Ca dépend beaucoup des équipes évidemment.

En économie 2 est le nombre à la mode. Les accords bilatéraux ont le vent en poupe. Depuis des lustres, les américains par exemple essayent de signer partout le maximum d'accord bilatéraux de libre-échange, afin de contrer l'émergence éventuelle mais improbable d'accords multilatéraux, genre OMC ou UNESCO par exemple. Le début prochain des négociations Europe-USA ne doit pas vous inquiéter. Ca mettra du temps et ont peu espérer une conclusion avant la fin du (premier) quinquennat de François, en étant raisonnablement optimiste. Il y a plein de sports qui se jouent à deux équipes de deux. C'est une conséquence de la relativité d'Einstein et de son "Euh égale Emme Cé Deux". Moi j'aime bien le Beach volley et le badminton...

En politique internationale, il est clair que 8 ce n'est pas assez. Le G8 qui se réunit aujourd'hui, quelque part en Irlande au Royaume-Uni en Irlande du Nord occupée par les anglais, en est un bon exemple. Anciennement G7 car c'est un chiffre magique à l'époque de Giscard qui aimait les symboles et les ECUs, le G8 s'est donc adjoint la Russie de Poutine et Depardieu. Il s'agit en fait d'un Sommet Est-Ouest comme à la grande époque. Rien d'intéressant à voir, sauf pour la multitude de hauts fonctionnaires qui préparent des rapports et espèrent qu'ils vont franchir la barre et être inclus dans le communiqué final sans aucune valeur juridique internationale. On est dans la communication pure. Exit donc le nombre 8... Ca se saurait si le G8 avait pris des mesures efficaces ou même entrevu l'avenir avec une once de "vision" par le passé. Le seul intérêt est pour la ville qui accueille le Sommet et qui devient un lieu fortifié pendant quelques jours. Cette ville accueille surtout des opposants et doit panser ses plaies longtemps après. Sur qui ça va tomber la prochaine fois ? Je proposerais bien Villeneuve-sur-Lot avec son futur député de droite (ou même d'extrême droite). On ne change pas une équipe du PS qui ne gagne aucune élection depuis un an !

Toujours en politique internationale, 20 semble être un chiffre meilleur car le G20 semble beaucoup plus à même de traiter des problèmes plus globaux. Malheureusement, il y a de plus en plus d'emmerdeurs au G20, c'est-à-dire des pays émergents ou en développement qui deviennent plus forts que les soi-disants pays développés. Ca complique les débats et surtout les alliances entre pays pour faire passer ses positions individuelles. A noter à ce sujet, le sujet justement du Bac en géographie cette année "Les territoires dans la mondialisation: une inégale intégration"... J'espère qu'ils parleront du G20.

Il y a le Handball avec des équipes de cinq joueurs. Ou plutôt de cinq joueuses comme en ce moment avec une trajectoire idéale pour l'équipe de France en plein Euro. Le basket est un sport simple et efficace et cinq est un bon nombre. 6 au volley et 7 au hand c'est bien aussi, mais l'homme est né avec cinq doigts et la femme aussi. Une équipe comme une main, c'est une image classique mais belle.

Et puis il y a le foot. Le foot se joue à deux équipes de onze joueurs (avec des arbitres) ... et à la fin c'est l'Allemagne qui gagne (ou le Brésil suivant les variantes de la citation originale allemande). La France est particulièrement intéressante à suivre au foot. C'est un peu comme une loterie. 2 défaites et 0 victoires en Amérique du Sud. On ne sait jamais quel feu (de paille) ils vont allumer. Mais toujours de l'espoir qu'un jour ils soient plus réguliers. En tous cas, heureusement il n'y a pas que la France, il y a Tahiti ! Tahiti, vainqueur de la coupe en Océanie, si, si, est donc qualifié pour la Coupe des confédérations au Brésil, à un an du Mondial. Tahiti, c'est pas la France ? Mais si !!! Vive la France et ses futures défaites ;) Et ils jouent aussi au Brésil en plus ! Le pays roi du football et du roi Pelé. Il y a pourtant un problème avec beaucoup de manifestants dans les rues qui protestent contre le coût du Mondial à venir en 2014 et de toutes les augmentations induites, dans les transports notamment. Plein de violences. Ca fait tache. On parle de deux cent vingt mille manifestants... Ca fait beaucoup d'équipes de foot.

Finalement, en France en particulier, le meilleur nombre pour une équipe, c'est UN. Comme ça, la plupart du temps, les joueurs jouent ensemble. C'est ce que pratique la plupart des politiciens.

lundi 17 juin 2013

Philo

Les sujets de philo au Bac cette année sont (hors textes à expliquer) :


Série scientifique :
Peut-on agir moralement sans s'intéresser à la politique ?
Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?
Série littéraire :
Le langage n'est-il qu'un outil ?
La science se limite-t-elle à constater les faits ?
Séries économique et sociale :
Que devons-nous à l'Etat ?
Interprète-t-on à défaut de connaître ?

En voici un corrigé très approximatif, global et hors sujet, par sympathie pour les bacheliers :

En France, l'Etat occupe une position de choix. L'appareil de l'Etat est peuplé de serviteurs, grands et petits, recrutés grâce à des concours très différents, tous placés au-dessus du niveau du Baccalauréat. La réussite à une épreuve, comme celle-ci est donc l'une des premières actions que tout serviteur doit accomplir pour entrer au service de son maître. Certains de ces serviteurs sont passés par des écoles spéciales, ou normales mais supérieures, et doivent dix ans de leur vie à l'Etat. Voici une servitude exemplaire et qui leur permet de prendre conscience d'eux-mêmes : où suis-je, où cours-je, dans quel Etat j'erre, évidemment. Pour cette partie de la population, le verbe devoir a un sens premier qui est d'ordre moral. Pour les autres, ceux qui ne travaillent pas directement pour l'Etat, leur travail, quand ils en ont, leur fait petit à petit prendre conscience qu'ils travaillent en fait et en partie pour l'Etat. Même si en retour, l'Etat leur doit un certain nombre de services, la charge qui pèse sur les épaules des citoyens est en général mal tolérée. L'impôt, sous toutes ses formes, semble être un dû que l'Etat encaisse pour gérer la croissance du pays ainsi que sa propre croissance. L'Etat justifie cet acte par l'utilité de son existence même pour sécuriser le peuple. Encore faut-il qu'il soit à la hauteur.

L'Etat est un être à multiples facettes, qui comprend plusieurs Corps (grands) et dont les lois fondamentales sont définies par le peuple et par les hommes et les femmes politiques. La morale, au sens global du terme, ne peut être présente dans l'Etat qui se doit de fonctionner suivant des règles élaborées par couches, comme une lasagne préparée par des cuisiniers très différents et qui ne s'échangent pas leurs recettes. L'Etat a donc une morale à lui. Morale composite que seuls les experts en politique peuvent comprendre. Le citoyen lambda, ou même oméga, a du mal à connaître ces règles morales et donc à les appliquer. En cherchant à appliquer sa propre morale, il ne peut qu'entrer en conflit avec l'Etat, comme le disait les Grecs et Kant. Cette morale d'Etat, immorale dans beaucoup d'affaires qui doivent rester obscures, entre ainsi de plein fouet en conflit avec les éthiques personnelles, avec les morales professionnelles de certains secteurs, notamment scientifiques, qui ont souvent tendance à créer leurs propres valeurs morales, de pair à pair, dans un mépris souverain de l'Etat.

L'homme a inventé la science politique pour étudier l'Etat, comme si cette étude était possible du dedans, alors que la plupart des scientifiques qui conduisent ces recherches sont des fonctionnaires, donc des serviteurs de l'Etat. Les scientifiques, ou les universitaires, se réclament d'une indépendance intellectuelle et réelle pour faire avancer la science au-delà des constats, des analyses et des synthèses. Passer du rôle d'observateur, je dirais même plus d'huissier de la science constatant les dégâts, à celui de scientifique qui entire des leçons et des théories, jamais validées et toujours en suspens jusqu'à ce qu'une autre apparaisse, est un exercice délicat et très inconfortable, comme le disait Popper. Quitter le monde du dur, du physique, des cinq sens, pour investir celui du cerveau et des inductions est un exercice réservé aux braves. Aux honnêtes aussi, d'ailleurs. Car savoir se remettre soi-même en cause est l'une des principales qualités exigées par la Science.

La Science oblige à interpréter la réalité, à la tordre. Par rapport à la politique, la différence principale est dans la morale qui guide cette interprétation. L'intention est différente. Le résultat, par contre, peut être le même quelle que soit la méthode prise. Politique et science se mêlent de plus en plus et occupent de plus en plus de temps, suivant le principe bien connu d'Archimède : 'Tout scientifique plongé dans la politique, reçoit une poussée vers le haut dans sa carrière proportionnelle à la taille de son réseau d'amis". On a vu des scientifiques interpréter à tort ce qu'ils observaient. On en a vu d'autres remplacer une connaissance pointue par une présentation vulgarisatrice amalgamant des concepts très différents (comme cette tentative non aboutie de dissertation). Et ce phénomène est encore plus répandu dans le monde des non-scientifiques. L'interprétation de ce qu'on a lu dans un média quelconque est partout présente, ainsi que la déformation de ce qu'on a écouté d'une autre personne qui elle-même amplifiait ce qu'elle croyait avoir entendu d'une personne qu'elle ne connaissait pas sur un sujet inconnu la veille. La lecture de blogs censés avoir raison sur tout et sur-interprétant ce que d'autres ont déjà écrit est l'un des maux de ce siècle. Qui connait quoi aujourd'hui ? Qui se connait lui-même suffisamment pour franchir la porte du Lycée ?

C'est pour cela que la plupart des scientifiques publient des articles dans des revues anglophones de renommée internationale. La langue qu'ils y utilisent est une langue bâtarde, rarement leur langue maternelle, encore plus rarement bien écrite et incapable de véhiculer les valeurs qu'ils défendent. La sécurité apportée par ce type de publication est immense. Elle conforte la carrière des auteurs dans leurs rôles de serviteurs de l'Etat et de la Science, tout en les protégeant de toute lecture critique par des citoyens qui ont des valeurs. A force de n'être lu que par ses pairs, formatés pareils, on en oublierait presque le nécessaire regard critique des autres, ceux pour qui l'on progresse. Le langage est donc bien un outil au service d'intérêts immédiats, de carrière et d'opportunité. C'est un moyen pour aller vite, sans le recul qui permet le partage. Le faux partage induit par une langue universelle ne permet de mettre en contact que les épidermes des hommes et des femmes. Pas leurs valeurs. Le langage pourrait être autre chose, d'une valeur supérieure. Le langage pourrait être un nid dans lequel les personnes viendraient chercher refuge pour bâtir ensemble un système cohérent. Il vaudrait mieux ne pas appeler ce système l'Etat. Ce mot capital est trop connoté depuis l'époque de la royauté française.

Le lycéen qui devient bachelier entre de plain pied dans l'enseignement supérieur. En quittant l'enseignement inférieur et les mensonges pour enfants qu'on y apprend, il pourra enfin appliquer avec philosophie des principes simples et moraux. Le Pôle emploi, structure de l'Etat calculée scientifiquement pourra le désorienter vers des voies royales ou républicaines. Pourvu qu'il ne fasse pas de politique mais se contente d'avoir de la morale ! 

Et de le dire, voire de le crier, dans son langage à lui.



dimanche 16 juin 2013

Du temps de cerveau pour ... une nouvelle cinque

Ulysse se réveille en sursaut.

Toujours le même cauchemar dont il ne souvient pas, sauf de la toute fin lorsqu'un gigantesque ver le mange comme une sardine déguisée en Elvis, gobé d'un coup. Il se lève, groggy comme tous les matins, et comme son illustre prédécesseur après dix ans d'errance et de cauchemars depuis sa guerre contre les Troyens.

Ulysse vit dans une cage de verre, comme tous ses concitoyens. Il ne peut avoir de vie privée et impossible d'être anonyme. Tout ici est surveillé, déchiqueté et traité quelque part entre ici et la Maison Blanche. A tout moment, même lorsqu'il a des relations sexuelles, bien rares en ce moment, avec Jasmine ou Iris, la police peut arriver pour vérifier son identité et pour tester leur capacité de force rapide.

Ulysse ne s'y habitue pas. Il a depuis longtemps décidé de ne pas s'y habituer, mais il a peu d'armes et d'outils pour combattre cette écoute permanente. Pourtant, jour après jour, il réussit à franchir quelques échelons sur l'échelle de la liberté. Il est toujours propre et à jour. La liste de ses pseudonymes est suffisamment longue pour lui permettre de résister à tous les contrôles. Stéphanie, avec qui il aimerait bien avoir des relations en ce moment, l'appelle affectueusement l'homme caméléon. Lui, il l'appelle sa lampe d'Aladin mais elle refuse (encore ?) de se laisser frotter...

Le dictionnaire des gens, stocké dans la cave des Archives du Texas est son objectif ultime. Il voudrait tant le détruire par le feu, la chimie, le nucléaire ou simplement par l'amour des autres. Aujourd'hui, il sait qu'il a une chance d'y arriver. Hier aussi, et avant-hier également, mais il les a ratées.

Aujourd'hui, il sait qu'il réussira. Finalement son rêve lui a fourni le mot de passe qui lui manquait.

Ulysse s'habille et se prépare un petit déjeuner. Autour de son parallélépipède, très peu d'autre espaces sont allumés. Il est encore tôt. Stéphanie dort et son espace de vie est encore sombre. C'est à peine s'il peut distinguer son reflet dans la vitre du Colonel, son voisin immédiat et le chef d'îlot de sa banlieue suburbaine H7N2, une des tentacules de la grande métropole américaine qui couvre tout le continent.

Son plan est simple et efficace. Il prépare son petit-déjeuner. Du flétan fumé, de l'artichaut et des fleurs de maïs sur une quiche. En parallèle 15kg de nitrate cachés dans des cuisses de grenouilles. Il a déjà essayé avec du boeuf ou du porc, mais à notre époque les cuisses de grenouilles sont plus grosses et moins chères. Ulysse esquisse quelques pas de Salsa et allume le four en chantonnant un air d'Elvis. Puis il attend l'arrivée de la police qui ne manquera pas de venir arrêter un citoyen aussi indélicat et qui préfère manger ces produits tout juste bons à mettre à la poubelle au lieu d'aller au marché d'Etat acheter du bon steak de gorille comme tout le monde.

Il a laissé sur la table le livre "1984" interdit depuis des décennies et qu'il a obtenu par contrebande. Posséder ce livre est plus grave que de ne pas regarder le porno obligatoire du soir sur l'écran virtuel de son miroir grâce auquel il peut participer au film. Ulysse attend. Cela fait maintenant 3 minutes qu'il a mis la quiche au four et toujours aucun signe de la police. Aucune lumière non plus chez le Colonel, à part le voyant rouge de son fax qui clignote dans une veille paresseuse. La police perd en efficacité, on dirait...

Quatre minutes et toujours rien. Ulysse commence à réaliser sa chance. Le four sonne et lui annonce que sa quiche est prête. Il la sort et la regarde. Dessus est apparu le chiffre 7. Il règle alors les cuisses de grenouilles sur 7 heures, et les laisse tomber dans le vide-ordures. Le vide-ordures fait entendre son bruit blanc habituel pendant quelques secondes. Puis tout est fini.

Ulysse revient à sa table et mange sa quiche. Ses yeux sont le tour de ses maigres possessions. Il n'y a rien qui ait de la valeur à l'argus des citoyens. En buvant son café, il regarde les lumières s'allumer tout autour de lui. Bientôt 7 heures. Seule la cellule de vie du Colonel est éteinte. Ulysse réalise alors que le Colonel est absent. Sa cellule est vide. C'est la première fois. Ulysse sent vibrer au fond de lui une espérance immense.

A 7 heures tapantes, un nouvel occupant apparait progressivement. C'est un nouveau Colonel, pareil à l'autre à part son matricule et une forme légèrement différente de sa mandibule inférieure. Le nouveau Colonel regarde le fax et se tourne vers Ulysse. Au loin, une explosion retentit. Ulysse se détourne et ouvre son vide-ordures pour y jeter son assiette sale. Le bruit blanc est devenu un bruit rose et une douce lumière apparait au fond. Alors, Ulysse saute dedans et glisse, glisse, glisse jusqu'à une prairie illimitée d'herbe verte. Il est seul et sourit. Puis d'autres apparaissent, tombés d'un autre monde. Ils se regardent, se sourient. Tous sont nus, même les ex-policiers. Stéphanie aussi est tombée au milieu d'un champ de marguerites. Il s'avance vers elle.

Elle lui tend la main. Il la touche.

Le ciel est bleu et la liste des mots interdits qui était de toute éternité gravée dans leurs coeurs s'efface pour laisser la place à la vie.




samedi 15 juin 2013

Un prologue d'exception au G8

Le G8 commence lundi. En fait, comme tous les Sommets de ce type, il a été préparé depuis longtemps par des ministres, des sherpas, des conférences, des notes, des rapports. Place dès lundi au tralala. François a publié une tribune dans le Huff Post, ce qui n'est pas courant, à cette occasion.

La France a marqué un point à propos de la fameuse exception culturelle dans l'audiovisuel en obtenant vendredi que ce secteur ne soit pas inclus dans les discussions Europe-USA qui vont être lancées dès lundi. Ce retour à l'honneur de la diversité culturelle est une victoire incontestable pour François, car même si beaucoup de pays européennes sont d'accord sur ce sujet, certains préfèrent ne pas le dire tout haut pour gagner sur les deux tableaux : Avoir l'exception culturelle ET ne pas mécontenter les USA.

Concrètement, cela veut dire quoi ? En refusant de "marchandises" les biens et services audiovisuels au même titre que les carottes et les armes, il s'agit théoriquement de protéger les producteurs, diffuseurs, auteurs et autres métiers de l'audiovisuel, ainsi que la capacité pour les pays européens à continuer à aider ce secteur sans être accusé de dumping ou autres aides illégales. Un accord de libre-échange entre deux zones, ce n'est pas rien. Les négociations seront rudes : il n'y a rien de plus dur à négocier que le libre-échange ;) Les négociations vont durer. On reparlera certainement de secteurs sensibles comme l'agriculture, les OGM, l'Internet, les biotechnologies, le transport aérien par exemple.




Alors est-ce un bien ou pas ? La culture (audiovisuelle) française est-elle menacée par les américains ou par sa propre médiocrité ? Vaste débat dans lequel tout le monde a des opinions. Pour ma part, je prendrai deux exemples :
- un film ou une série française a souvent du mal à s'exporter et à rencontrer un marché hors de la France ou même de la francophonie. Ceux qui y arrivent sont loués et admirés, tellement ils sont rares. Même les gros succès ont du mal à s'exporter, ce qui est normal car ce sont souvent des films comiques et il n'y a rien de plus difficile à exporter que l'humour.
- j'ai regardé jeudi les premiers épisodes d'une nouvelle série phare de Arte sur Ulysse... Bouh. La comparaison est terrible avec d'autres séries comme Rome (anglaise) ou Borgen (danoise). On a l'impression d'un théâtre filmé avec très peu de moyens, de décors et de personnages, avec des acteurs qui jouent mal et avec une mise en scène étique. Aucun souffle. Cinquante ans après on dirait les Perses à la télé noir et blanc, chaine unique, en mille fois moins bien. Pendant ce temps, le reste du monde a changé.

Les termes sont importants. En France, on parle d'exception culturelle. Ca remonte à l'époque où la France avait à la fois confiance en elle au plan international et où elle voulait se protéger contre les affreux américains en imposant des quotas. Les lobbies culturels nous ont empêché de changer de position depuis. La diversité culturelle est un concept flou et patronné par l'UNESCO qui avait d'abord approuvé une déclaration puis qui a fait voter et ratifier une convention internationale, ayant valeur d'instrument juridique, pour protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles. Ensuite il y a l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, qui souhaite libéraliser à tous crins, dans tous les secteurs, y compris la culture, mais qui est bridée par cette convention internationale, sauf à ce qu'il y ait des accords bilatéraux de libre-échange justement.

Nombre de festivals de cinéma organisés dans les pays européens en une année...

On se souviendra peut-être du scandale au Maroc lorsque l'accord de libre-échange avec les USA a été signé en 2004 et que les marocains ont découvert qu'il incluait les industries culturelles...

PS : A cette heure, avec 50,68% des voix, il semble que le seul candidat réformateur à la présidentielle en Iran, Hassan Rohani, ait été élu au premier tour (un contre cinq conservateurs) ! C'est quasi officiel et cela nourrira les débats politiques du G8, très certainement.

vendredi 14 juin 2013

Malchimie

Joli titre pour une réalité beaucoup moins belle : de l'usage de la Chimie dans les temps modernes.

Il y a toujours des scandales en matière de chimie. Ce matin, la lecture du site du Monde m'a interpellée, par la juxtaposition de deux photos et articles :


Du côté de la Syrie, les USA d'Obama ont donc décidé de sortir du bois et de reconnaître publiquement que la Syrie a utilisé des armes chimiques et que les USA en ont des preuves convaincantes. La fameuse ligne rouge est donc franchie. Combien de points les USA vont-ils retirer à la Syrie sur leur permis de co-nuire ? Quelles amendes ? (Et au fait, quid de la conférence de Genève ???) On parle maintenant de plusieurs lignes rouges. C'est donc moins grave. On n'est plus dans le tout ou rien (avant ou après la ligne) ni même dans le ternaire (avant, sur ou après la ligne) qui entretient le flou. On est dans une collection de lignes franchies : quelques-unes parmi d'autres. Combien d'autres lignes rouges faudra-t-il franchir avant de verbaliser ? Ce n'est pas écrit. Mystères et subtilités de la diplomatie officielle, sans compter la diplomatie secrète qui en a pris pour son grade ces derniers jours.

Du côté des pesticides, rien de neuf sous le soleil et ses UV. Les pesticides ne sont pas de plus en plus dangereux. On a juste un peu plus de preuves qu'ils sont dangereux... Rien d'important. Pendant ce temps l'exception agricole française continue comme avant. La France menace d'apposer son véto à toute remise en cause de l'exception culturelle. C'est bien. Depuis toujours elle a mis son véto à toute remise en cause de l'exception agriculturelle, la fameuse PAC. D'ailleurs, à force de ne rien faire contre les algues vertes et les pollutions aux nitrates, la France va se faire condamner.
En attendant, bon appétit !

Au-delà de ces deux photos, en voici deux autres :


La chimie au secours des forces de l'ordre devant affronter de terribles hordes de manifestatnts sauvages en Turquie (c'était avant l'évacuation de la place Taksim). Cette femme en rouge est devenue une icône du Web. Les gaz lacrymogènes, eux, restent une icône indémodable de la rue, ici en Turquie, mais ailleurs également.

Et puis, évidemment, ce scandale pharmaceutique (la pharmacie, c'est de la chimie) qui va s'enfler sur le mauvais conditionnement de médicaments Teva. Petit scandale français, une seule boite mal conditionnée trouvée pour le moment. Les officiels de l'Organisation Mondiale pour la Santé rappellent que dans certaines régions du monde, l'Afrique principalement, des millions de faux médicaments, ou mal dosés, ou dangereux sont versés chaque jour sur les circuits de distribution. Découvrir cette réalité en France est peut-être une surprise, mais qui devrait nous faire réfléchir sur notre dépendance à la chimie et notre faible contrôle dessus. Un marché à Abidjan :



PS : pour finir, une nouvelle sans aucun rapport évidemment - l'entente trouvée entre les candidats à la présidence du Medef pour l'élection début juillet. Les principaux candidats se sont répartis les postes et M. Gattaz sera élu par consensus, lui qui vient justement d'être soutenu par l'Union des industries chimiques... Belle campagne, belle primaire et beau resserrement des rangs entre des patrons qui défendent les mêmes intérêts, finalement. En chimie comme ailleurs.

jeudi 13 juin 2013

Un jour de novembre peut en cacher un autre



Temps pourri à Paris aujourd'hui. Parfait pour un mois de novembre, mais pas pour juin.
En plus, une bonne grève SNCF (donc RER aussi) pour mettre de l'ambiance. Fermez les yeux et vous vous croiriez en novembre pour une ballade avec parapluie et bottes. Pour les vieux il y avait cette chanson d'Anne Vanderlove...

La SNCF est en grève donc : il parait que le taux de grévistes est à 33% claironne la SNCF... Oui mais, le même taux chez les roulants (conducteurs et contrôleurs) est à 70%. Peu de trains donc. Car un train pour rouler doit avoir au moins un conducteur et deux contrôleurs.

Il s'agit d'une grève préventive et pour se mettre en roues avant l'automne déjà annoncée comme socialement chargée. Le gouvernement prépare un projet de réforme du secteur ferroviaire. Tout le monde est d'accord sur la nécessité d'une réforme. Mais laquelle ? Il y a des soupçons contre une réforme d'inspiration libérale européenne pour accélérer la mise en concurrence du rail. Il y a aussi des soupçons pour des économies inavouées réalisées par le gouvernement dans un secteur où le déficit est abyssal et annoncé à plus de 32 milliards de dettes. Il y a enfin l'inquiétude des syndicats alors que cette réforme structurelle risque d'entrer en collision avec la réforme des retraites qui touchera de plus larges catégories : les fonctionnaires, mais aussi les cheminots statutaires qui bénéficient d'avantages importants.

Sur le plan structurel, lorsqu'un autre gouvernement avait décidé de séparer la SNCF et RFF, la logique était de séparer l'exploitation des trains (SNCF) des infrastructures pour les faire rouler (RFF). Ca permettait surtout de séparer le déficit lié aux retraites des personnels SNCF et le déficit lié aux investissements pour les grosses infrastructures, notamment le tout TGV. Mais une partie des infrastructures et de leur gestion restait à la SNCF. On en revient donc à un remélange de ces deux entités grâce à un chapeau commun, un holding et une redistribution en-dessous : d'un côté la SNCF historique qui roule (réduite), et de l'autre les infrastructures et l'organisation (renforcées). La question qui se pose est donc celle de l'investissement public, du rôle de l'Etat, des statuts des personnels et des missions de service public. Vaste question en préambule à une ouverture totale à la concurrence en 2019.

Ce sont des questions politiques évidemment, mais aussi très opérationnelles. Quand un train circule, il a été prévu longtemps à l'avance et il a fallu réserver pour lui des "sillons", sortes de segments d'espace-temps qui assurent que le train roule en sécurité dans une certaine fourchette de vitesse et qu'il peut continuer à rouler sans s'arrêter (trop). Mine de rien, la gestion des sillons est l'un des secteurs clés et stratégiques du secteur ferroviaire et celui qui les contrôle (horaires, disponibilités, tarifs) contrôle le secteur (un peu comme les contrôleurs aériens). La répartition de ces responsabilités sera plus facile si tout dépend d'un seul opérateur. Le fait d'affecter ça à une nouvelle entité partagée avec les infrastructures, loin des roulants et du commercial, permet de préparer la mise en concurrence.

L'Etat continuera à contrôler les infrastructure et toute leur exploitation (avec sillons) d'une part, ainsi que l'opérateur public qui fait rouler des trains. Il ne contrôlera pas les autres opérateurs privés (ou publics d'autres pays, comme les Allemands évidemment qui s'en pourlèchent déjà les babines). Donc cette grève est avant tout pour peser sur les futures concertations (méthode brevetée François).

Sinon, dans la série des joyeusetés, la SNCF perd régulièrement des wagons et a dû lancer un concours pour les retrouver (si, si, c'est pas gros un wagon...). Il y a des sites de fanas partout, dont celui-ci avec un jargon cheminot... Pour comprendre la SNCF, il faut savoir qu'un agent administratif se dit "cul de plomb" en jargon cheminot ! ET enfin une petite blague pour la route les rails :


Quelle est la différence entre un train et une gare?
- Le train se rend de gare en gare...
- La gare demeure et ne se rend pas ! (De Cambronne; qui a dit un autre mot célèbre)