mercredi 12 avril 2017

Accord improbable à gauche entre Hamon et Mélenchon ? Vraiment ?

Un article parmi d'autres sur ce sujet brûlant à gauche : Hamon-Mélenchon.

Au début, avant la liste officielle des candidats, Hamon exigeait que Mélenchon passe sous les fourches caudines socialistes (mon correcteur veut écrire chauvines, c'est incroyable, non ?), perde la face et se désiste pour lui, pour la gloire éternelle du PS. Mélenchon a dit non de sa voix râpeuse. Hamon, à cette époque, passait plus du temps à essayer de rassembler au-delà du PS (verts et insoumis) qu'às'ovvuper des dissidents au sein même du PS. Erreur fatale qu'un ancien frondeur n'aurait pas dû commettre. Il s'est fait fronder et humilier par Mélenchon. Puis de nombreux socialistes ont quitté le navire PS pour aller rejoindre la caravelle Macron. Ensuite le discours séducteur envers Mélenchon a diminué mais a subsisté.

Et puis badaboum, Mélenchon a doublé Hamon dans les sondages. Doublé (impensable avant dans le "logiciel du PS") au sens dépassé. Puis doublé au sens "deux fois"et même plus. A moins de 10% (toujours dans ces fameux sondages qui remplacent la démocratie comme demain les robots remplaceront le travailleur... non, non, je rigole) Hamon frise le ridicule. Il ne manquerait plus que Dupiont-Gnangnan le double lui aussi !!! Gare à rester au-dessus des 5% pour se faire rembourser les frais de campagne quand même.

Mélenchon, lui, ne demande pas à Hamon de se retirer, mais leurs "entourages" se parlent et se connaissent très bien. L'article sus nommé (et non suce-nommé, attention à la bonne tenue de l'orthographe) mentionne tous les obstacles qui s'opposent à un abandon de Hamon : légal, financier, pratique, temps de parole... Instructif. Sa conclusion : souhaitable, mais improbable !

Mais la question devrait être politique. Entièrement politique, non ? L'intendance suivra comme disait le grand homme grand de droite, ancien président (indice : ne pas confondre avec le petit homme petit de droite, récemment président).

De quoi la gauche a-t-elle besoin :

  • ceux qui croient encore à la gauche du programme commun, se réjouissent d'une candidature de Mélenchon le tribun, un homme qui rassemble et manipule comme en 1981, mais ils aimeraient bien qu'il sache rassembler.
  • ceux qui croient à une politique très à gauche et qui veulent marquer aussi dans les urnes ce choix ne veulent pas d'alliance. Ils se préparent déjà aux manifestations du prochain quinquennat.
  • ceux qui veulent simplement qu'il y ait un président de gauche au second et dernier tour, pensent n'avoir le choix qu'entre Hamon (pour l'honneur), Mélenchon (la surprise possible) ou Macron (si tant est qu'il y ait dans son droite ET gauche assez de gauche. C'est le coeur déchiré qu'ils voteront, en se rabattant au second tour sur celui qui sera le moins à droite, comme en 2002 lorsque Chirac a arnaqué le peuple de gauche.
  • ceux qui sont pour l'Europe, réformée, ne voudront pas voter pour Mélenchon, sauf s'il y avait un accord politique avec le PS. Si les deux parties le veulent bien.
  • ceux qui sont à droite de la gauche et qui pensent que l'aventure Macron vaut le coup d'être tentée, en laissant la rue à la gauche de la gauche, puisque le contraire est tout-à-fait invraisemblable.
  • ceux qui aiment François (dont essentiellement François en ce moment) suivront son avis, puisqu'il vient de dire qu'il craignait non seulement Marine mais aussi le tribun Mélenchon, du moment que son poulain évident - Macron - est un peu moins le favori.
  • enfin, ceux qui rêvent d'être élus députés, quelle que soit la "majorité future, homogène ou composite, cherchent à s'allier à la bonne "composante" et s'ils sont un peu cyniques happent complètement l'élection présidentielle. Après tout, il y a des "partis" à financer par des députés...

Politiquement, Hamon devrait évidemment se retirer pour Mélenchon, même s'il y a un grand écart entre leurs positions sur plein de sujets, au nom d'une victoire possible de la gauche. Mais Hamon ne décide pas seul, car il y a le PS, plus divisé que jamais. En son sein, il y a ceux qui veulent Hamon / Mélenchon / Macron et ceux qui ne veulent pas trancher en attendant le deuxième tour. Comme un signe d'une mort de la gauche pour quelques cycles, quelles que soient les décisions prochaines. Finalement, la gauche peut remercier Macron, mais elle ne le dira pas publiquement tout de suite.

Malheureusement Arlette n'est plus là, et le vote "utile" est plus nécessaire que jamais. Reste à définir l'utilité... "C'est vous qui voyez"... Bizarre de voir comme les individus ont pris le pas sur les partis cette année. Bien au-delà du faible poids accordé aux programmes, c'est à une dévalorisation des partis qui les portent qu'on assiste. Alors, au match des personnalités, il ne reste que la séduction (intellectuelle ou autre). Et là, évidemment, Hamon ne fait pas le poids, avec son air contrit de ne pas vouloir être élu, surtout face à l'appétit carnassier et rigolard de Mélenchon ou à la jeunesse tentante de Macron.

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