vendredi 23 janvier 2015

Une vie simple à Ouagadougou

De Ouagadougou la vie est simple. 


On se fout de Sarkozy et de ses velléités d'être le centre du monde de la France, en parlant plus fort que les autres et en essayant de reprendre le ballon. Sa polémique avec le premier ministre sur les mots employés pour la lutte contre le terrorisme ou l'apartheid français fait pitié. Il fut un temps ou Sarkozy refusait de parler à moins qu'un Président... Mais maintenant il n'est que chef de parti, entre deux perquisitions dans le bureau de Copé et le sien. Comment se réclamer d'union nationale tout en l'enterrant le plus vite possiblle ? Les électeurs jugeront. Ces manœuvres de palais sont bien un peu ridicules, vues de loin.


A propos de Charlie, ici au Burkina pas de problème. Charlie est diffusé normalement et il n'y a pas de manifs comme au Niger voisin. Les manifs du Niger avaient d'ailleurs été préparées par l'opposition pour secouer le pouvoir en place. Le problème est qu'on ne met pas impunément des armes dans les mains d'une population pauvre et agitée sans conséquences et débordements. C'est en tous cas ce qui se dit ici. Il faut dire que le Burkina a vécu sa révolution populaire à la fin de l'année, une première en Afrique. Sans manipulation, puisque tout le monde a été dépassé, y compris l'opposition. Le président à été éjecté, rappelons-le.


On en parlait hier, mais Davos et ses multi-millionaires n'intéresse personne ici, sauf les corrompus qui trimbalent leurs valises d'un endroit à un autre, entre stations de ski suisses et plages paradisiaques fiscalement. La corruption est un vrai problème et les quelques corrompus ont des impacts sur beaucoup de gens, bien au-delà des enrichissements personnels ou pour leurs clans. Lorsqu'une armée est corrompue, elle sait se désengager à temps - pour elle évidemment - de situations compliquées, au risque de mettre en danger les populations locales qu'elle ne protège plus. C'est ce qu'on raconte ici à propos de l'armée nigériane et des massacres récents au nord du pays.


A propos du rachat des dettes européennes par la BCE, annoncé en grande pompe hier et qui marque un changement radical de politique financière au grand dam des allemands, les africains savent que les annulations de dettes dont ils bénéficient sur leur continent sont fragiles. Une quantité énorme d'argent a été et est ainsi injectée dans certains pays africains, en contrepartie de plans de développement étroitement contrôlés par les PTF, les partenaires techniques et financiers, aussi appelés bailleurs de fonds. Ces fonds peuvent être très utiles mais le contrôle de leur attribution, le type de projets sélectionnés ainsi que l'effocacité de cette aide sont très dépendants de facteurs comme leur gouvernance locale et leurs choix politiques. Que l'Europe ait les mêmes problèmes n'agite personne ici. Sauf ceux qui continuent à courir derrière des fonds européens pour leurs projets, en échange de quoi on leur demande de plus en plus de garanties et de participations.


A propos d'universités, bien au-delà du problème majeur qui est la massification et l'explosion démographique donc la multiplication des étudiants à former et à placer, la question n'est pas non plus de se comparer aux universités riches du Nord qui d'ailleurs leurs piquent leurs meilleurs étudiants. Il y a de plus en plus de signes d'une grande vitalité des universités africaines, même parmi les plus anciennes et les plus classiques... Celles qui ont souvent, en francophonie en tous cas, été montées sur le modèle des vieilles universités françaises.

A propos de santé, on parle peu ici d'Ebola car le pays est sous contrôle. Mais les gens éduqués se nettoient les mains avec un gel désinfectant avant de manger ou en réunion, très naturellement. On aimerait que les français qui se plaignent du retour de la grippe prennent les mêmes précautions. Comme quoi, l'Afrique est en retard, avez-vous dit ?

Le temps a une fonction différente ici. Le temps est dilaté mais efficace et permet de progresser dans une relation qu'on a tendance à oublier, là-bas au nord. Le temps chronologique bien sûr, mais aussi le temps météorologique. Aujourd'hui il fait 36° au plus chaud et cela relativise les 2° que je vais retrouver dès samedi.

N'oublions pas l'essentiel, le foot ! Le Burkina ne fait pas fort cette année dans la CAN 2015 puisqu'ils ont fait match nul contre le pays hôte. Reste un match pour savoir s'ils peuvent se qualifier... Mais pour le moment ils sont derniers de leur groupe. Mathématiquement c'est encore possible. Difficile, mais impossible n'est pas burkinabé.

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