jeudi 22 janvier 2015

Cherche hélicoptère à louer pour Davos

Les grands riches de ce monde ont rendez-vous à Davos. Le coût d’un séjour est estimé à plus de cent mille euros par personne, grand minimum, une fois additionné tous les frais d’inscription, de voyage, d’hébergement et les frais de bouche et de sécurité. Pas pour nous autres... Un lieu réservé aux grandes entreprises et à leurs patrons, aux lobbyistes, à des décideurs politiques et à quelques stars du moment pour attirer les badauds.

Le thème de cette année est justement sur la richesse et l’écart de plus en plus grand avec les pauvres évidemment mais aussi avec les gens normaux. OXFAM a publié juste avant Davos son étude sur les écarts de richesse et elle a fait grand bruit. Après des années où l’on a pu croire que ces écarts se réduisaient un peu, ils sont repartis à la croissance (avec la croissance retrouvée justement) et la prévision est très symbolique pour l’année prochaine : Les 1% les plus riches possèderont plus que tous les autres réunis. Cette étude (pdf anglais ici) est évidemment critiquée par des économistes, comme ici. Il est vrai que les statistiques globales sont délicates à harmoniser : qui est le plus pauvre ? un pauvre réfugié syrien ou un paysan chinois ou un étudiant d’Harvard endetté à mort ? Mais au-delà des paradoxes statistiques habituels dans cette discipline, et suite aux polémiques déjà nombreuses après le nouveau « Capital » de Thomas Piketty, les chiffres sont sans appel et les médias ont raison d’en faire un sujet. Qu’on se batte sur un, deux ou même trois pour cent, la réalité de cette fracture du dollar est bien là. Et elle interpelle les ultra-riches en tous cas.

La France n’est pas le pire des pays et est plutôt plus « égalitaire » que d’autres en Europe notamment, comme la Belgique et les Pays-Bas, en tous cas en matière de revenus. Ca surprend hein ? En fait le problème est plutôt le grand nombre de bas revenus ce qui non seulement est une nuisance énorme pour les personnes touchées, mais aussi pour la société. Lorsque les riches s’inquiètent parce que le trop grand nombre de très pauvres plombe la croissance, donc leur richesse à eux, il y a de quoi s’inquiéter, non ?

Davos reste un lieu à part et peu de choses en sortent dans le public - qui n’est pas la cible concernée de toutes façons. François va à Davos, auréolé de sa bonne image suite aux massacres parisiens de Charlie, de la manif du 11 janvier et du soutien international - même de façade. Les américains en ont rajouté une couche encore d’ailleurs, avec le Maire de New-York et le discours d’Obama sur l’Etat de l’Union, très centré sur la sécurité et l’économie puisque la crise semble passée, ou à tout le moins atténuée là-bas. Les suisses seront également intéressés  puisque le franc suisse a fait un bond spectaculaire récemment, suite à la décision subite de sa banque centrale de ne plus arrimer le FS à l’euro (qui baissait trop à leur goût)... Ils se consoleront en se disant que cela a certainement enrichi quelques spéculateurs qui seront peut-être même à Davos, sans cynisme aucun  bien sûr.

Je précise que ce billet a été écrit en avance, car je suis aujourd’hui à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso... le 20ème pays le plus pauvre au monde en PIB par habitant, mais en pleine croissance malgré la crise politique et la révolution populaire de l’année dernière.

"En 2014, le Burkina Faso affiche un produit intérieur brut par tête de 767,8 dollars, ce qui lui vaut la 20e place du classement des pays qui produisent le moins de richesses par habitant. C'est 8% de plus qu'en 2013 et 106,6% de plus qu'en 2004. Au Burkina Faso, 46,7% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté en 2009, selon la Banque mondiale. » (Journal du Net)

Paradoxe, vous avez dit paradoxe ?


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